
L’histoire de la Breguet n°160, surnommée la « Marie-Antoinette », est l’un des récits les plus fascinants de l’horlogerie. Ce chef-d’œuvre incarne l’artisanat, le mystère et le prestige qui définissent l’œuvre d’Abraham-Louis Breguet, horloger visionnaire du XVIIIᵉ siècle. Cette montre mythique, qui devait refléter l’excellence technique et esthétique de son époque, est devenue une légende intemporelle.
En 1783, un admirateur anonyme de la reine Marie-Antoinette commande une montre exceptionnelle à Abraham-Louis Breguet. Le cahier des charges était clair : intégrer toutes les complications connues à l’époque et utiliser les matériaux les plus nobles. La consigne précise était également de ne tenir compte ni des délais ni des coûts. Cette montre devait être le summum de la perfection horlogère, un hommage à la grandeur et au raffinement.
Si l’identité du commanditaire reste un mystère, certains historiens avancent l’hypothèse qu’il s’agissait d’un proche de la reine, peut-être même un admirateur secret.

La Breguet n°160, aussi surnommée « la Marie-Antoinette », intègre une série impressionnante de complications. Parmi elles, on retrouve un mécanisme à répétition des minutes, un calendrier perpétuel, une équation du temps, une réserve de marche et un thermomètre. Elle est également dotée d’un mouvement automatique, encore rare pour l’époque. Tous ces éléments étaient enfermés dans un boîtier en or massif, mettant en valeur le savoir-faire d’Abraham-Louis Breguet et des artisans de son atelier.
Chaque pièce de la montre était conçue avec une précision extrême, reflétant l’ambition de repousser les limites de l’horlogerie. Le choix des matériaux, dont l’utilisation d’or pour les rouages afin d’éviter l’oxydation, témoignait du souci de perfection du maître horloger.
Malheureusement, ni Marie-Antoinette ni son mystérieux commanditaire ne purent admirer la montre. En raison de la complexité de sa conception et des événements tumultueux de la Révolution française, sa réalisation prit plus de 40 ans. Finalement achevée en 1827, soit 34 ans après la mort de la reine et 4 ans après celle d’Abraham-Louis Breguet, l’œuvre devint un symbole posthume de leur époque.
Après sa réalisation, la Breguet n°160 fut conservée dans plusieurs collections privées avant de rejoindre, au XXᵉ siècle, le musée L.A. Mayer pour l’art islamique à Jérusalem. Cependant, en 1983, la montre fut volée avec d’autres pièces précieuses, plongeant l’industrie horlogère dans un choc. Pendant plus de deux décennies, cette disparition alimenta des spéculations et renforça le mystère autour de la montre.

Contre toute attente, la « Marie-Antoinette » réapparut en 2007, retrouvée intacte et restituée au musée. Ce retour inattendu permit à une nouvelle génération de passionnés d’admirer ce chef-d’œuvre historique.
En parallèle, la maison Breguet décida de rendre hommage à la montre en recréant une réplique fidèle, achevée en 2008 sous la direction de Nicolas G. Hayek, fondateur du Swatch Group. Cette réplique, basée sur des archives historiques et des technologies modernes, reproduit chaque détail de l’originale tout en démontrant l’évolution de l’horlogerie depuis le XVIIIᵉ siècle.
La Breguet n°160 « Marie-Antoinette » incarne bien plus qu’une prouesse technique. Elle symbolise le génie d’Abraham-Louis Breguet et reflète une époque où l’horlogerie était perçue comme un art au service de la royauté et de l’élite. Aujourd’hui, elle continue d’inspirer les horlogers et les amateurs d’histoire, restant l’un des joyaux les plus admirés et énigmatiques de l’horlogerie mondiale.
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