La Heuer Monaco de Steve McQueen : l’icône perdue du cinéma et de l’horlogerie

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Steve McQueen incarne l’élégance brute, le charisme indomptable, le mythe du gentleman rebelle. Peu d’acteurs ont su marquer leur époque avec une telle intensité, et peu d’objets sont devenus aussi emblématiques que la montre qui l’accompagnait dans son film le plus culte. La TAG Heuer Monaco, au poignet de McQueen dans Le Mans en 1971, est bien plus qu’un simple accessoire. Elle est le témoin silencieux d’une époque où le sport automobile était une arène de gladiateurs modernes, où le danger et la vitesse étaient des compagnons quotidiens. Mais ce que peu savent, c’est que plusieurs exemplaires de cette montre ont été utilisés sur le tournage. Certaines sont réapparues à prix d’or. D’autres ont disparu dans un flou mystérieux, nourrissant les légendes du monde horloger.

Lorsque le film Le Mans est en production en 1970, Steve McQueen est déjà une icône du style. Obsédé par l’authenticité, il exige que chaque détail du tournage reflète la réalité de la course automobile. Il veut tout, du vrombissement des moteurs jusqu’au grain de poussière sur les combinaisons de course, pour

que chaque spectateur ressente l’adrénaline qui fait battre le cœur des pilotes à 300 km/h. Dans sa quête de réalisme, il consulte Jo Siffert, pilote suisse de Formule 1 et ambassadeur de la marque Heuer, pour choisir une montre qui incarnerait cet esprit. Le choix se porte sur la Heuer Monaco, un chronographe révolutionnaire à l’époque. C’est la première montre automatique chronographe carrée et la première à être véritablement étanche sous cette forme. Elle brise les conventions avec son cadran bleu vif et son boîtier anguleux, en totale rupture avec les designs ronds plus traditionnels.

Sur le tournage, six exemplaires de la Heuer Monaco sont mis à disposition. Ces montres ne sont pas uniquement destinées à McQueen, 

elles servent aussi pour les gros plans, les scènes d’action et les ajustements techniques de production. Parmi elles, quatre sont équipées d’un bracelet en cuir, identiques à celle que l’acteur porte tout au long du film. À l’époque, personne ne se doute que ces garde-temps vont devenir parmi les montres les plus recherchées de l’histoire

Une fois le tournage terminé, les Heuer Monaco prennent des chemins différents. McQueen, en homme de style et de générosité, offre l’une d’elles à son mécanicien personnel, Haig Alltounian. Un geste chargé de respect, car sans lui, aucune scène n’aurait été possible. La montre est gravée d’une simple phrase, mais ô combien symbolique. « To Haig Le Mans 1970 ». Pendant des décennies, elle restera entre les mains de son propriétaire d’origine, jusqu’à ce qu’elle ressorte en 2020 lors d’une vente aux enchères où elle sera adjugée pour 2,2 millions de dollars, pulvérisant toutes les estimations. C’est alors que l’intérêt pour les autres exemplaires de la montre prend une tout autre ampleur

Deux autres modèles sont récupérés par TAG Heuer, qui comprend l’importance historique de la Monaco. Ces pièces deviennent des trésors du musée de la marque, et leur authenticité est vérifiée à plusieurs reprises par des experts en horlogerie et des historiens du cinéma. Mais la traque continue. Il manque encore des pièces du puzzle

Une autre Heuer Monaco refait surface en 2009. Après des décennies dans une collection privée, elle est proposée aux enchères et atteint 87 600 dollars, une somme encore modeste comparée à la valeur qu’elle prendra dans les années suivantes. Trois ans plus tard, une autre version est vendue pour 799 500 dollars, confirmant la montée en puissance de ces modèles parmi les collectionneurs les plus exigeants.

À gauche : William Claxton, **"Steve McQueen dans sa Jaguar XK55, Hollywood, 1962"**, tirage argentique gélatino-argentique. Photo : Phillips via la base de prix Barnebys. À droite : **Heuer Monaco portée par Steve McQueen** dans le film *Le Mans* de 1971, offerte à son mécanicien personnel, Haig Alltounian. Photo : Phillips.

Puis arrive décembre 2024. Sotheby’s met en vente une nouvelle Heuer Monaco ayant appartenu à McQueen. L’excitation est à son comble. Son estimation oscille entre 500 000 et 1 000 000 dollars, mais la demande est telle qu’elle explose les prévisions et s’arrache à 1,4 million de dollars. Une somme qui témoigne du statut culte de cette montre, qui n’est plus simplement un accessoire horloger, mais un fragment de l’histoire du cinéma et du sport automobile

Mais alors, où sont passées les deux autres Heuer Monaco du tournage ? Si trois d’entre elles ont retrouvé leur place sous les projecteurs, les deux dernières semblent s’être volatilisées. Certains estiment que l’une d’elles aurait disparu avec le matériel du film, oubliée dans un stock d’accessoires ou vendue sans que personne ne réalise sa véritable valeur. D’autres avancent une théorie plus romanesque. McQueen lui-même aurait gardé un exemplaire, loin des regards, comme un souvenir personnel de ce tournage exigeant et chaotique

Don Nunley, responsable des accessoires du film, a confirmé que McQueen aimait particulièrement cette montre et aurait pu emporter un exemplaire pour lui-même sans le déclarer. Cela signifierait qu’un dernier modèle, véritablement porté par McQueen, pourrait encore être caché dans une collection privée. Imaginez. Une Heuer Monaco originale, ayant réellement appartenu à l’homme qui l’a rendue légendaire, dormant dans un coffre, attendant qu’un jour, quelqu’un en dévoile l’existence au monde

Ce mystère contribue à l’aura mythique de la TAG Heuer Monaco. Elle n’est pas seulement une montre. Elle est un témoin du style et de l’audace d’une époque, une pièce d’histoire qui continue de faire vibrer les collectionneurs. Peut-être qu’un jour, la dernière Heuer Monaco de Steve McQueen refera surface, provoquant une frénésie comparable à la découverte d’un trésor caché. En attendant, elle reste l’un des plus grands fantasmes de l’horlogerie vintage. Un mythe qui, à défaut d’être résolu, ne cesse de s’amplifier.

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