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Le départ de Frédéric Arnault de la direction de la division horlogère de LVMH marque une étape décisive dans l’histoire récente du groupe. Depuis plusieurs années, il incarnait bien plus qu’un dirigeant opérationnel : il était la figure centrale d’un renouveau ambitieux dans un secteur où LVMH, malgré son poids global dans le luxe, n’a jamais occupé une position hégémonique. Son approche, mêlant modernité technologique, marketing digital maîtrisé et repositionnement produit audacieux, avait redéfini les contours de marques comme TAG Heuer. Désormais, une ère s’achève — et la question cruciale se pose : quelle stratégie le groupe doit-il adopter pour maintenir, voire accélérer, la dynamique enclenchée ?
Frédéric Arnault n’a pas transformé la division horlogère de LVMH en géant du secteur comparable à Swatch Group ou Richemont, mais il a posé des fondations solides. Sous son impulsion, TAG Heuer est passé d’une marque perçue comme vieillissante à un acteur désirable, capable de rivaliser à nouveau avec les grands noms du sport et du lifestyle horloger. Hublot, quant à elle, a conservé son positionnement disruptif, tandis que Zenith est revenue sur le devant de la scène grâce à un recentrage produit maîtrisé.
Mais malgré ces avancées, la division restait encore morcelée, avec des identités fortes mais peu harmonisées. La force de LVMH dans d’autres secteurs tient à sa capacité à articuler ses marques autour d’un écosystème cohérent. Ce liant faisait encore défaut dans l’horlogerie. C’est peut-être là que réside l’opportunité, mais aussi le risque.
Scénario 1 : La centralisation stratégique, ou le retour à une logique groupe
Le départ de Frédéric Arnault pourrait offrir au groupe l’opportunité de recentrer la direction horlogère autour d’une structure plus institutionnelle. En rattachant cette entité directement au comité exécutif de LVMH, ou à une figure centrale comme Toni Belloni, le groupe pourrait gagner en lisibilité et en cohérence stratégique. Cela reviendrait à traiter l’horlogerie comme une entité à piloter avant tout selon des logiques financières et structurelles, au même titre que la mode ou les vins & spiritueux.
Cette approche aurait l’avantage de renforcer les synergies internes, notamment sur les fonctions transverses (R&D, supply chain, retail, digital). Mais elle comporterait un risque majeur : faire retomber la division horlogère dans une inertie managériale, en cassant l’élan entrepreneurial et visionnaire qui avait justement redonné de la vigueur aux marques.
Scénario 2 : La nomination d’un nouveau capitaine visionnaire
LVMH pourrait au contraire décider de prolonger l’impulsion Arnault en confiant la division à une personnalité forte, capable de reprendre le flambeau avec ambition et lucidité. Le nom de Julien Tornare, récemment nommé à la tête de TAG Heuer, circule naturellement dans ce contexte. Ancien de Vacheron Constantin, il combine une expérience traditionnelle et un goût pour le repositionnement dynamique. Si son mandat chez TAG se transforme en tremplin, LVMH pourrait s’appuyer sur lui pour consolider l’ensemble de l’architecture horlogère du groupe.
Un tel choix enverrait un signal clair : celui de la continuité dans l’ambition. Cela permettrait aussi d’accélérer les projets d’innovation produit, les partenariats stratégiques (dans l’univers automobile, sportif, ou artistique), et de renforcer la légitimité du groupe auprès d’un public plus jeune et plus international.
Scénario 3 : L’élévation de Bulgari comme pilier central
Si TAG Heuer a longtemps été la marque locomotive de la division, rien n’empêche LVMH de réorienter sa stratégie vers le haut de gamme horloger, en misant sur Bulgari. La maison romaine, historiquement joaillière, a réalisé des avancées remarquables en horlogerie ces dernières années : la collection Octo Finissimo a été saluée pour ses records de finesse et sa cohérence esthétique. En y injectant davantage de ressources, le groupe pourrait faire de Bulgari une réponse crédible à Cartier, qui demeure le mastodonte du segment horloger-joaillier.
Cette stratégie supposerait un recentrage du portefeuille, avec un positionnement plus segmenté : Hublot resterait la marque de l’audace, Zenith celle de la tradition technique, Bulgari incarnerait le luxe horloger à forte valeur ajoutée. TAG Heuer, dans cette logique, pourrait se repositionner comme une marque plus accessible et plus grand public, sans pour autant perdre sa cohérence.
Scénario 4 : Une révision plus radicale du portefeuille
Enfin, LVMH pourrait décider de revoir entièrement sa copie horlogère. Ce secteur, bien que prestigieux, reste marginal en volume par rapport aux autres segments stratégiques du groupe. Si les performances stagnent dans les prochaines années, rien n’interdit d’envisager une cession partielle, un regroupement de marques, ou une fusion avec une autre entité du luxe. Ce serait une forme de repli stratégique, assumée, qui consisterait à concentrer les ressources là où LVMH a un leadership incontestable — mode, maroquinerie, joaillerie, hôtellerie.
Peu probable à court terme, ce scénario ne peut pas être écarté sur le long terme, surtout si la nouvelle direction ne parvient pas à maintenir le cap ou à convaincre le marché.
Le départ de Frédéric Arnault n’est pas qu’un simple changement de management. C’est un tournant stratégique qui oblige LVMH à clarifier ses ambitions horlogères. Veut-il continuer à challenger les géants suisses ? Compte-t-il imposer ses marques comme des références incontournables du secteur, ou se contentera-t-il de les faire évoluer dans une logique de rentabilité mesurée ?
Le groupe a les moyens de ses ambitions. Mais il lui faut désormais une vision, un cap, un narratif puissant. C’est sur ce terrain que se jouera l’après-Arnault — et peut-être, l’avenir même de l’horlogerie chez LVMH.
Si cet article vous a intéressé vous pouvez aussi lire notre article sur Frédéric Arnault, clap de fin pour l’horlogerie ?
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Une challenge très motivante voir intrigante, mais il faut bien connaitre le monde horloger, que peux connaissent profondenent!!!
Merci Beppe pour votre commentaire. Et oui exactement, à voir si l’un de nos scénarios s’avère exact!
[…] Si cet article vous intéressé vous pouvez aussi découvrir l’article « LVMH face au vide stratégique : quelles orientations pour la division horlogère après le dép… […]